Des enfants de l’école Paul Éluard sont partis à la rencontre d’un groupe d’habitantes, pratiquant la couture à la maison de quartier Paul Bert, pour une aventure peu commune : apprendre à coudre tout en apportant une aide matérielle à des familles dans le besoin.

Le pari était un peu fou, mais tellement beau ! Faire se rencontrer des écoliers et des seniors autour d’une activité créative et solidaire. Dans le cadre d’un atelier périscolaire, huit enfants de CM1 et CM2* de l’école Paul Éluard ont rejoint avec enthousiasme l’aventure. Tout comme Paule, Françoise, Jeanine et Adeline, des habituées des ateliers de couture de la maison de quartier Paul Bert. Le principe ? Coudre des pochettes et autres petits sacs, avec l’aide de ces mamies bénévoles, puis les échanger contre des produits de première nécessité qui seront redonnés à des familles démunies.

Des petites mains habiles…

Activité ludique et utile, un créneau dont les enfants raffolent. Pour Meïssane, Anais, Ludivine, Clémence, Adlen et Lucas, c’était la découverte d’une nouvelle activité proposée dans le cadre du temps périscolaire. Contrairement à Raphaël, 10 ans, qui avait commencé son apprentissage auprès de sa mamie. « Ici j’ai appris à coudre à la main. Et ce qui m’a vraiment plu c’est de créer mes propres produits. » Pour Lana, « ce n’était pas si dur que ça » puisqu’elle avait déjà confectionné des doudous, des petits sacs et des vêtements pour ses poupées avec l’aide de sa grand-mère. « Mais je me suis perfectionnée à la couture à la main. » Venue découvrir ses productions lors d’un temps de partage organisé jeudi 19 décembre 2019, sa maman Angélique est ravie. « Elle a progressé ; maintenant je n’ai plus peur de la laisser seule sur la machine à coudre. » Et Jeanine d’expliquer pourquoi : « Nous lui avons appris à placer sa main correctement pour ne pas se blesser, ne pas casser l’aiguille ou abîmer le tissu. » Avec les autres bénévoles, elle a également entraîné les enfants à faire des points droits, des points à l’arrière, ou encore à coudre des boutons. « Ils avaient vraiment envie », se rappelle Françoise, « Ils étaient très à l’écoute, studieux et pressés de passer à la surjeteuse**. » Le bilan est très positif pour Abdel El Khayari, animateur référent de l’atelier. « Les enfants ont appris de nombreuses techniques : choix du modèle, des tissus, des patrons, le repassage, confection… De plus, les relations entre les bénévoles et les enfants étaient très bonnes. il y a eu beaucoup d’échanges et de plaisir à partager ces moments ensemble. » À tel point que Françoise a terminé chez elle la pochette à passeports d’un des apprentis couturiers, pour être sûre que sa maman, « passionnée de voyages », la reçoive à temps.

Et le cœur sur la main

Chaque écolier s’est appliqué à faire ses créations, toutes plus colorées et pratiques les unes que les autres. Et pour repartir avec celles-ci, il fallait les échanger contre des produits d’hygiène. Ce qui a été collecté a été confiée au président de l’antenne locale du Secours populaire, André Dorée. « Dès demain, je redistribuerai tout cela ! Merci pour cette solidarité dont vous faites preuve. C’est sur vous que l’on s’appuie pour que les choses aillent mieux. » Et d’insister sur l’importance de donner ainsi que sur le rôle des bénévoles de l’association, qui redoublent d’efforts auprès des familles dans le besoin en cette fin d’année. « Nous leur apportons une aide vestimentaire et alimentaire. On les aide aussi à partir en vacances. » Ce n’est pas la première fois que le responsable local sensibilise les jeunes Martinérois et qu’il fait appel à leur générosité. « Nous venons de récupérer des jouets auprès des enfants de l’école Voltaire pour les redistribuer à d’autres. »

L’atelier créatif et solidaire a été un tel succès qu’une deuxième session est déjà prévue dès le mois de janvier 2020. Mais la liste d’attente est déjà longue. Seules Adeline, 89 ans, et les autres mamies bénévoles de la maison de quartier Paul Bert sont assurées d’être de la partie.

*Cours moyen de première et deuxième année.

**Machine qui coupe les tissus, les pique tout en les surfilant en un seul passage.