Malgré la fermeture au public des cinq maisons de quartier il y a presque deux mois, le Centre communal d’action sociale, CCAS, continue à venir en aide à ses bénéficiaires. Le point sur deux mois d’action sociale à Saint-Martin-d’Hères.

Comment entrer en contact et aider les habitants les plus vulnérables ? Depuis le 17 mars 2020, c’est la question qui oriente chaque action du CCAS. Avec plus de 60 % des effectifs mobilisés -la totalité dans le secteur gérontologique-, le service a su instaurer une nouvelle organisation pour continuer d’être un soutien auprès de ses bénéficiaires les plus fragiles. Car la crise n’est pas seulement sanitaire ; elle creuse les inégalités sociales et fragilise de nouvelles personnes.

Réinventer le lien social

L’enjeu est de taille : préserver le lien social malgré la distanciation physique qu’impose la pandémie. « Depuis les premiers jours du confinement, nos agents expérimentent une nouvelle forme de lien pour continuer de répondre aux besoins de la population, en commençant par les plus fragiles. » Axelle Chalamet, directrice du CCAS de Saint-Martin-d’Hères, ne tarit pas d’éloges sur l’implication de chacun. L’accueil a reçu plus de 700 appels pour lesquels il a fallu apporter des réponses, notamment pour l’accès aux droits. Ce sont aussi plus de 750 personnes isolées ou fragilisées qui ont été contactées par téléphone, très régulièrement depuis huit semaines. Dont 392 seniors, « afin de s’assurer que tout va bien, qu’ils ont de quoi manger et que le moral est toujours là ! », explique Nathalie Barraud, en charge du secteur Service de développement de la vie sociale (SDVS).
Du côté des maisons de quartier, en plus du soutien téléphonique, c’est une newsletter électronique qui est envoyée chaque vendredi à 859 familles. « Activités ludiques, défis à relever en famille, infos bien-être pour les parents… nous détaillons aussi les ressources municipales disponibles pendant le confinement. L’objectif étant de garder le lien avec les usagers », pour Behija Ferath, coordinatrice d’action sociale. Concernant les apprenants des ateliers sociolinguistiques, pour qui la non-maîtrise de la langue française est problématique, la démarche était différente. « Tous les dix jours, nous appelons une centaine d’entre eux afin de les accompagner dans leur gestion du quotidien : une démarche administrative, l’aide à la scolarité… Nous ne les laissons pas tomber, tout simplement. »
Être là, différemment. En musique et en chansons sous les balcons de la résidence autonomie Pierre Semard. Rendez-vous était donné tous les jours par les agents du CCAS, accompagnés des professeurs du conservatoire Erik Satie les mardis et vendredis, pour chanter des airs d’autrefois devant chaque façade du bâtiment, afin qu’aucun résident ne soit oublié. Une parenthèse enchantée d’une heure trente dans un monde confiné.

Être mobilisés auprès des personnes âgées

Conformément aux préconisations sanitaires et en accord avec les proches des personnes âgées suivies, les interventions ont été adaptées et les activités collectives suspendues. « Mais pour certains, nous sommes les seuls liens avec l’extérieur. Il y a des gens qui ne comptent que sur notre personnel des services de soins et d’aide à domicile pour se laver, se soigner et parfois même se nourrir », confie la directrice. Au centre de jour Gabriel Péri, la prise en charge thérapeuthique en collectif ne pouvant plus être assurée, des visites à domicile ont été instaurées pour une dizaine de patients dans le besoin. « Il s’agit de les aider à s’alimenter, à faire une petite activité, ou à prendre le relais d’un aidant pour que ce dernier aille respirer une petite heure. » Une aide précieuse qui leur permet d’aller au bout de ce confinement. La prise en charge se poursuit pour les plus dépendants, tandis que des solutions sont organisées pour répondre aux problématiques liées à la pandémie.
Le portage de repas à domicile en fait partie. Chaque jour, une centaine de paniers repas sont acheminés depuis la cuisine centrale avant d’être livrés à domicile. La gestion des courses s’est également organisée pour soixante-seize autres seniors. Les familles passent une commande en ligne, que les agents récupèrent dans un point de retrait et déposent devant la porte de l’intéressé ou directement dans son appartement, selon le degré de dépendance. Il en est de même pour les médicaments. Et lorsqu’un des aînés semble avoir une baisse de moral, la psychologue du secteur gérontologique prend le relais. Elle a ainsi suivi une quarantaine de personnes âgées pour qu’elles ne subissent pas la solitude.

Venir en soutien aux plus fragiles

Deux mois durant, il a fallu apporter des réponses aux urgences sociales. Lorsque l’antenne locale du Secours populaire a fermé au début du confinement, le CCAS a mis en place une distribution alimentaire d’urgence en partenariat avec la Croix-Rouge et la Banque alimentaire de l’Isère. Une action qui a permis à plus de 150 personnes de recevoir six à huit kilos de denrées chaque jeudi, à la maison de quartier Fernand Texier.
Depuis la fermeture de la restauration scolaire, de nombreuses familles rencontrent également des difficultés à assurer les repas quotidiens de leurs enfants. Dans un souci de solidarité, une aide exceptionnelle vient d’être accordée à près de 380 d’entre elles sous forme de chèque d’accompagnement personnalisé (120 € par enfant), leur permettant ainsi de réaliser des achats de première nécessité.
Cette solidarité, le CCAS l’a déclinée sur tout le territoire martinérois, y compris le campus universitaire, et auprès de tous les publics, comme la cinquantaine de personnes sans domicile installées au Patio solidaire. « Notre travail a vraiment pris tout son sens pendant cette crise sanitaire », insiste Axelle Chalamet. Et de saluer le travail de chaque agent des différents services, qui n’a eu de cesse de répondre aux interrogations, d’accompagner et de rassurer les personnes les plus vulnérables.